#88 Comment savoir si on est prête à partir vivre à l'étrangers ?
Kelly : Cet épisode est dédicacé à Christine.
Christine a participé à la cagnotte de Fill’Expats qui a eu lieu en début d’année 2023 et qui va permettre la production d’autres épisodes.
Je lui ai proposé de m’envoyer une question qu’elle aimerait que je pose à une de mes invitées et sa question était tellement intéressante que je me suis dit qu’on allait en faire un épisode.
Et avec une grande générosité, mon amie Jade a accepté de se joindre à moi.
Un petit peu last minute d’ailleurs pour cette conversation.
Coucou Jade!
Jade : Salut Kelly!
Kelly : Alors Jade, en plus de te présenter en quelques mots, je me suis dit que ça pourrait être aussi le fun que tu racontes comment on s’est rencontrés.
Tu es prête?
Jade : Ouais!
Kelly : À toi de jouer!
Jade : Alors Kelly, je me rappelle de la première fois où j’ai lu quelques lignes qui provenaient d’un mail que j’ai reçu dans ma boîte lorsque je travaillais pour Cinemania, festival de films francophones à Montréal.
Je sais pas pourquoi mais dès que j’ai ouvert ton mail je me suis dit ah ouais, ça c’est super!
Ça va être un super support pour moi, parce que je me rappelle qu’on a reçu ta candidature vraiment un peu last minute, peut-être à même pas une semaine du début du festival.
Donc j’avais déjà clos les inscriptions pour les bénévoles, sauf qu’en dernière minute on a toujours beaucoup de désistements.
Et je me suis dit bon je me garde quand même un petit gap de personnes que je vais recruter en dernière minute.
Et là, tu es apparue dans ma boîte!
Tel un super héros!
Qui me l’envoie, c’est merveilleux! Et tu me disais que tu étais genre super disponible, super motivée, et j’étais là genre c’est super génial!
Kelly : Excellent!
Jade : Et du coup je crois que je t’es répondu vraiment genre dans l’heure ou un truc comme ça parce que je savais que j’avais besoin de monde surtout pour faire des arrivées invitées à l’aéroport.
Kelly : Oui !
Jade : Et du coup je me suis dit mais c’est génial, elle a l’air d’être super à l’aise et d’avoir envie de faire des rencontres, ça fait pas longtemps qu’elle est sur Montréal donc ça va aussi lui permettre de rencontrer du monde, d’être dans un flow, dans une dynamique qui est assez cool pendant le festival.
Et donc je t’ai appelée et ça a matché, et je t’ai donné plein de missions!
Kelly : Elle m’a dit tu peux arriver genre là cet après-midi?
Jade : Viens me voir, viens me voir!
Et t’es venue et je t’ai remis ton petit chandail, ton petit badge et c’était parti pour la course.
Kelly : Pas de badge! Tu m’as donné mon badge le dernier jour!
Jade : C’était pour que tu restes jusqu’au bout!
Kelly : Mais j’avais mon chandail !
Jade : T’avais ton beau chandail cinémania! Et après c’est parti, t’es restée avec moi un petit moment et c’était bien le fun et puis maintenant regarde on est devenues amies.
Kelly : Bon allez, maintenant dis nous qui t’es quand même !
Jade : Alors, donc moi j’ai 26 ans, je suis française et je suis arrivée à Montréal en septembre.
J’ai direct commencé un job dans un festival de cinéma, parce que moi j’ai un parcours en cinéma et en événementiel et donc je connaissais un petit peu Montréal parce que j’avais bougé à Montréal il y a cinq ans et là je revenais pour un PVT et donc j’ai commencé une nouvelle aventure il y a six mois à Montréal.
Alors moi je viens de Normandie, j’ai grandi en Normandie, j’ai fait mes études à Paris et après Paris j’ai été sur Marseille et j’ai travaillé sur une série qui est un petit peu connue, qui a un petit peu duré quelques années dans le milieu de l’audiovisuel français, c’est Plus belle la vie.
Donc j’ai travaillé trois ans là-bas, en production, j’ai aussi fait de la mise en scène, j’ai aussi fait un petit peu de réalisation, j’ai un petit peu touché à tout là-bas.
Kelly : Est-ce que je suis la seule qui ait jamais regardé Plus belle la vie ?
Jade : Je pense, je pense clairement Kelly que si tu fais un sondage, tu seras dans les 0,5% de français qui n’ont jamais ouvert leur télé sur France 3 à 20h20.
On va faire un, je vais te faire des petits cours de récupération.
Kelly : Non ça ira.
Jade : C’est quand même une série assez parlante sur la société française des 19 dernières années.
Il s’est passé des belles choses sur cette série.
Vraiment, même moi j’étais, avant de travailler pour cette série-là, j’étais un peu éloignée
de ce, de cet univers-là et finalement il y a des belles valeurs qui sont diffusées de tolérance, de famille, d’amitié qui sont vraiment belles et quand tu travailles après pour une série qui en plus correspond dans sa manière de travailler à ce qu’elle essaye de diffuser, d’enseigner et bah c’est super valorisant de te dire que tu n’es pas parce que le cinéma ça reste quand même de la fiction, tu crées quelque chose et justement de participer à une série qui a des belles valeurs et bah c’est vraiment génial.
Kelly : Trop cool.
Jade : Donc du coup je suis restée 3 ans avec eux et ensuite j’ai immigré au Canada.
Kelly : Donc du coup avec toi je voulais aborder ce point :
Quand est-ce qu’on sait qu’on est prête? Qu’est-ce que ça veut dire être prête à vouloir arrêter? Parce que du coup est-ce que t’avais un contrat qui s’est arrêté ou est-ce que c’est toi qui as pris la décision d’arrêter ce contrat et de partir?
Jade : L’originalité un petit peu de ce secteur audiovisuel, cinéma et tout c’est que tu es intermittent du spectacle donc c’est que des contrats courts, t’as rarement des contrats qui sont plus de 6 mois, enfin voilà c’est des contrats qui durent le temps du tournage, le temps de la série, donc tu es intermittent du spectacle et tu alternes plein de petits contrats.
Donc tu choisis jamais vraiment la fin, on te l’impose, mais sur ce type de série qui était donc une quotidienne qui était tournée toute l’année, je pouvais continuer totalement à travailler pour la série.
Néanmoins, même si j’avais décidé de peut-être pas forcément rester des années et des années sur la série, il a été décidé par la chaîne, par France Télévisions et par France 2 et France 3, d’arrêter la série.
Et donc après 18 saisons, la série allait se terminer et moi j’étais dans un moment dans ma vie où je savais aussi que je voulais faire autre chose et qu’il était temps que je fasse autre chose.
Donc je pense que ça a joué dans la balance de décider à partir, mais il n’y a pas que ça.
Kelly : Oui parce que j’allais dire, tu peux très bien faire autre chose en France en fait.
Jade : Oui complètement, oui j’aurais pu rester en France, surtout que dans le bassin méditerranéen et tout le sud de la France, il y a un développement en termes de nombre de séries, de tournages, il y a eu des gros tournages américains qui se sont tournés, il y a beaucoup de choses qui se passent autour de Marseille, Montpellier, toutes ces dernières années, donc forcément j’aurais trouvé du travail.
Kelly : Et donc qu’est-ce qui a créé ce déclic qui t’a indiqué que, non je ne chercherai plus en France, je vais aller chercher ailleurs?
Jade : Et bah ce qui a joué, c’est pas seulement l’aspect pro, mais c’est aussi l’aspect perso.
Ça faisait trois ans que j’étais avec un compagnon, et ça s’est terminé, et j’en ai un peu souffert, c’était un peu dur, un peu triste, mais je ne voulais pas m’apitoyer sur mon sort, j’avais envie de rebondir, et j’avais toujours eu envie de retourner au Canada, parce que j’y avais été cinq ans auparavant, entre mes études, et là je me disais, mais est-ce que c’est par un signe tout ce qui est en train de s’additionner devant moi, la fin d’une série, la fin d’une relation, voilà, est-ce qu’il ne faut pas que je m’écoute aussi, que c’est peut-être le moment de partir et de retourner là-bas, et je savais que j’avais des sortes de portes d’attache ici, qu’il y avait des gens que je connaissais encore, qui travaillaient ici, des amis, donc je savais qu’en revenant au Canada, il y avait quelque chose de familier qui m’attendait.
Kelly : Donc est-ce que tu dirais, alors attention, question, qui va peut-être servir à rien mais je vais la poser quand même, est-ce que tu penses que si tu étais toujours avec lui et que la série n’aurait pas arrêté, est-ce que tu penses que tu serais restée en France du coup?
Jade : Oui.
Kelly : Ouais, clairement?
Jade : Ouais, je pense.
Je pense que c’est une addition de choses, d’événements indéterminés, qui étaient au-delà de ma propre décision, qui ont fait que ça m’a amenée à réfléchir, à bouger.
Mais je pense qu’en effet, j’aurais peut-être construit quelque chose avec lui, ou me serais orientée vers un autre poste, ou une autre série, ou un autre tournage.
Et en plus, le fait de partir, c’est aussi, je te parlais d’une forme de sécurité parce que je partais dans un endroit que je connaissais déjà, mais je quittais aussi, parce qu’il faut savoir que quand t’es dans le secteur du cinéma, ça marche beaucoup au réseau.
Donc au début, quand tu termines tes études et que tu essayes de t’insérer dans le secteur du cinéma, bah c’est compliqué, tu dois jouer un peu des coudes et tout.
Et quand tu commences à rencontrer certaines personnes, après elles te font travailler et c’est comme ça que se construit ton réseau.
Ça fonctionne dans beaucoup de secteurs comme ça, mais le milieu du cinéma est quand même très fermé et moi je commençais à avoir pas mal de contacts et à bien travailler.
Mais malgré ça, j’avais envie de partir.
Je sentais ce besoin de partir et malgré tout de retourner à Montréal et de me retrouver un petit peu à zéro en termes de réseau et de proposition d’emploi.
Mais je sentais que j’en avais besoin, que c’était un peu vital pour la suite de mon développement personnel.
Kelly : Ok.
Ouais parce que du coup, est-ce que tu verrais ça comme une fuite ou pas vraiment?
Jade : Je pense pas que ce soit une fuite, c’était juste la fin de quelque chose et le début d’une autre.
Kelly : Ouais tu t’es dit là c’est l’opportunité de fermer ce chapitre, de mettre un point en tout cas.
Il va peut-être pas être final, tu vas peut-être retourner en France, on sait pas, mais en
tout cas t’es prête à tester quelque chose de nouveau et là c’est le moment.
Jade : Ouais c’est ça.
Je pense qu’en effet c’est un nouveau chapitre.
Ce qui est assez drôle aussi, c’est que quand il y a 5 ans j’ai été à Montréal, j’ai fait un stage, donc j’avais un permis stage cop de 4 mois.
Déjà à cette époque-là, j’avais vraiment beaucoup apprécié la ville, les gens, la vibes, tout ce qui se passait, c’était génial.
Je voulais rester, donc j’avais candidaté pour faire un PVT et j’étais dans le bassin mais pendant un an j’ai pas été du tout tirée au sort.
Donc bon bah j’ai mis un peu de côté le Canada, je me suis dit je continue mes études en France et puis basta, on verra plus tard.
Et ce qui est drôle c’est que là je me suis donc inscrite à la fin de l’année 2021, je me suis inscrite le 19 novembre et le 22 novembre je recevais une lettre de EIC Canada en me disant voilà vous avez été tirée au sort, vous pouvez venir au Canada.
Donc deux jours après, deux trois jours après, j’étais tirée au sort.
Donc encore une fois tu vois j’avais l’impression que là, un troisième signe, il faut que j’y aille, c’est le moment et là tout me semblait évident et facile tu vois.
Il y avait quelque chose qui s’était enclenché en me disant mais ouais c’est normal vas-y c’est la suite des choses.
Kelly : Ben ouais carrément, mais après tu vois je veux dire même si ça reste un signe le fait que t’aies été tirée au sort en deux jours, ça c’est clair que c’est quand même assez unique mais t’as quand même été te mettre dans le bassin en fait, t’as quand même été faire cet effort d’aller chercher ce PVT quoi.
Jade : Oui oui, on n’a pas été me chercher non plus en me disant viens, quoique c’est marrant parce que je voyais beaucoup de, tu sais il y a beaucoup de publicités parfois, beaucoup d’annonces qui mentionnent que le gouvernement canadien québécois recherche des français, venez venez on est en recherche de main d’oeuvre et tout, donc j’avais vu pas mal de petites infos comme ça sur internet passer.
Kelly : Ouais mais tu sais les algorithmes une fois qu’ils voient que tu t’es arrêtée sur un article ils vont t’en remettre plein d’autres.
Jade : N’est-ce pas, on le sait.
Kelly : On le sait ça.
Jade : On les surveille.
Kelly : Mais il s’est passé combien de temps entre le moment où tu t’es séparée de ton copain et le moment où t’as décidé de t’inscrire?
Jade : Je crois deux semaines.
Kelly : Ah ouais c’était rapide?
Jade : Ouais.
Kelly : Ok.
Donc toi il ne t’a pas fallu longtemps pour dire il faut que je me bouge.
Jade : Ouais après c’était une situation qui peut-être au fond de moi je savais qu’elle allait arriver, que je savais que cette relation aussi avait un terme et que j’ai pas essayé de batailler outre mesure pour essayer de reconstruire quelque chose.
Je pense que j’ai accepté la chose, je me suis dit bon bah c’est comme ça, je pense qu’en effet on n’est pas fait pour être ensemble et qu’il y a plein de signes qui le démontraient.
Donc à moi maintenant de vivre et de penser par moi-même parce que peut-être que pendant cette relation je m’étais un petit peu oubliée même si finalement c’était quand même assez particulier parce qu’on vivait une relation à distance donc du coup j’ai toujours été assez indépendante et autonome et là je me disais bon c’est bon je vais de nouveau revivre pour moi et je vais absolument penser qu’à moi égoïstement mais ça fait du bien.
Kelly : Mais carrément.
Mais t’sais j’aime beaucoup ce que t’as dit parce que moi du coup j’ai pris des petites notes parce que bien évidemment je vais donner mon avis hein, je vais pas rester là à juste écouter Jade.
Jade : Dis-moi.
Kelly : J’aime bien que t’as dit en fait que t’as accepté que c’était fini parce que je pense que c’est ça qui est important en fait c’est pas de savoir si on est prêt, c’est d’accepter que ce qu’on a en fait, on ne le veut plus ou c’est plus pour toi en fait et je pense que c’est un peu ça qui s’est passé, t’as accepté et donc du coup tu t’es dit ok bah maintenant il est temps que j’attaque quelque chose en fait.
Autre step.
Jade : Ouais.
Kelly : Parce que c’est ça je pense qui est difficile à faire entre les deux et en plus de ça je pense que t’as dû être inspirée par les personnes que tu connaissais qui étaient déjà là, t’as été inspirée aussi par rapport au fait que du coup t’étais déjà venue à Montréal donc tu connaissais un peu, t’avais fait ton network donc bon bah là ouais t’es prête quoi.
Jade : Oui je savais que beaucoup d’expats étaient restés aussi et que des gens que j’avais rencontrés à l’époque qui étaient en PVT ou en études et bah ils ont tous renouvelé en prolongeant leur visa quoi et c’est là que je me disais c’est quand même qu’il y a un vrai intérêt à être là-bas et moi même je le sais que c’est une ville super attrayante, que les gens sont super ouverts, qu’il y a une énergie que j’aime et c’est vrai que je le regrette pas et en France c’était quand même un petit peu compliqué aussi au moment où je suis partie en termes social, politique et tout il y avait quand même une tension et une instabilité, une insécurité, quelque chose de pas très plaisant et quand t’arrives à Montréal il y a cette forme d’optimisme et justement aussi parce que t’es là dans un renouveau et toi même tu vois aussi les choses de manière très positive quand t’es dans un nouvel endroit, t’as envie que wow, que tout soit wow quoi et c’est ce que j’ai vécu en plus parce que je suis arrivée fin d’été et c’était une période exceptionnelle, il se passait encore plein de choses, c’était magnifique, Montréal, il faisait super beau, il y avait quelque chose d’incroyable et je crois que quand je suis arrivée là-bas j’ai rarement été aussi heureuse de toute ma vie, je me sentais vraiment mais pleinement heureuse et à ma place, quand je suis arrivée là je me sens à ma place, alors que c’est pas chez moi, rien à voir avec la Normandie. Donc j’étais là genre wow, mais qu’est-ce qui fait que je me sens bien chez moi ici alors que j’avais vécu trois années auparavant à Marseille qui est une super ville où il y a une très belle énergie aussi, il fait beau, il y a plein de choses à faire mais pourtant je me sentais pas, j’avais jamais ressenti ça. Et parfois c’est pas juste la ville en soi, c’est aussi l’adéquation de la ville, de ton état d’esprit, de ce que tu veux et ce que tu cherches à ce moment-là. Et en fait là tout était aligné quoi.
Kelly : C’est clair. Après il y a beaucoup de Normands apparemment ici.
Jade : C’est vrai. On a une petite communauté de Normands.
Kelly : Mais on vous adore donc c’est très bien.
Jade : Normand-Breton on est là, on est toujours un peu partout.
Kelly : C’est clair. Pour celles et ceux qui nous lisent, j’ai envie de rebondir sur deux choses. La première moi je trouve que si t’arrives à Montréal, le mieux c’est quand même d’arriver genre juin-juillet au début de l’été parce qu’il y a tellement de festivals, il y a tellement de choses à faire que je trouve que ça serait dommage d’arriver genre en septembre-octobre et d’avoir raté toute cette énergie parce qu’elle est quand même incroyable l’été ici. Donc voilà petit conseil s’il y a des futurs PVTs qui nous lisent ou d’autres contrats. Moi c’est vraiment un conseil. Moi j’étais arrivée au Canada, pas à Montréal mais je suis arrivée au Canada début novembre et ça a été une grosse erreur de ma part. Très grosse erreur. Donc même déjà je trouve que septembre c’est déjà un peu trop tard parce que je crois que septembre il y a quasiment plus de festivals en tout cas pas dehors.
Jade : Non. Après moi je suis arrivée le 20 août et il y avait encore tu sais toutes les piétosations des rues. Le mois de septembre il a été incroyable. Je me suis baignée dans le Saint-Laurent au mois de septembre, il faisait super beau non? Donc oui mi-août c’est pas mal. Ou sinon comme tu dis mai-juin.
Kelly : Moi ce que j’aime bien en juin c’est que déjà tu as la fête du Québec et puis le 1er juillet tu as la fête du Canada même si quoi que ici ils le fêtent pas trop. Du coup au Québec comme ils ont leur fête le vendredi d’avant. Mais je trouve que c’est des moments intéressants à expérimenter si t’arrives et puis au moins ça te permet de vite rencontrer du monde et être vraiment dans cette énergie positive, ensoleillée etc etc. Et l’autre truc que je voulais rebondir aussi c’est parce que t’as dit que tu vois tu connaissais des gens qui sont arrivés qui sont jamais repartis au contraire ils essaient de rester plus longtemps. Si quelqu’un nous écoute et qui est arrivé que ce soit à Montréal, au Canada ou dans un autre pays du monde et qui au bout de quelques semaines a dû rentrer, s’il te plaît contacte-moi car j’essaie vraiment de trouver une personne qui a vécu ça pour essayer de comprendre pourquoi elle l’a vécu et j’arrive pas à en trouver. Mais je suis sûre que ça existe donc s’il te plaît si tu pouvais m’écrire sur Instagram je serais ravie de te tendre mon micro si tu es ok de passer derrière mon micro. Et donc du coup moi j’avais pris comme petite note, parce que moi du coup j’ai répondu à Christine qui m’a demandé de poser la question à mon invitée et je lui ai dit si je peux me permettre je vais te donner mon point de vue et là maintenant je vais me permettre de le dire à tout le monde. Je lui ai marqué on ne sait jamais si on est prête mais en fait je pense que l’on est consciente que l’on veut avancer, donc tu vois ça se rapproche de ce que tu as dit, ne pas rester dans un quotidien qui ne nous plaît plus. On accepte aussi qu’on est entièrement responsable de sa propre vie, peu importe notre situation, on est quand même responsable malgré nos bagages, malgré nos contraintes, c’est nous notre propre héros, je l’ai déjà dit dans d’autres épisodes de podcast, on a compris qu’on a qu’une vie et ça mais moi je l’ai compris, c’est en lisant des livres, en écoutant des podcasts, en allant à des conférences, en me faisant inspirer en fait, parce que ce n’est pas évident je trouve de comprendre qu’on a qu’une seule vie mais pour de vrai en fait, c’est qu’elle passe vite en plus, donc il faut vraiment le comprendre en s’inspirant, faire attention de qui on s’entoure parce que quand on commence justement à penser peut-être vouloir partir et bien on peut avoir des personnes autour de nous qui vont nous projeter leurs peurs, qui vont nous projeter leurs craintes, qui ne vont pas comprendre, donc ça ce n’est pas forcément un discours qui va nous inciter à vouloir partir donc moi je dis il faut vraiment faire attention à ça et puis il faut accepter qu’on veut tenter une nouvelle aventure et que c’est ok si ça se passe mal parce qu’en fait on pourra toujours revenir, on a la chance d’avoir un pays qui pourra toujours nous accueillir si on veut revenir donc il faut peut-être un peu prendre un peu de recul par rapport à ça et se dire bah même si je ne me sens pas prête mais c’est pas grave je vais quand même tenter l’aventure et puis si ça se passe mal et bien je rentrerai, le seul truc c’est qu’il faut avoir un petit peu d’argent de côté parce qu’en fonction du pays où on va ça peut coûter cher donc c’est pour ça qu’un projet d’expatriation d’ailleurs ça se prépare, on ne part pas comme ça du jour au lendemain, enfin même si toi c’était très rapide mais toi tu le pouvais parce que tu connaissais des gens, tu avais du network, tu savais que tu allais vite retrouver du travail et puis tu avais surtout un permis de travail qui allait te permettre de travailler immédiatement donc ça c’est cool. Donc du coup si toi tu voudrais justement donner un petit mot à Christine qu’est-ce que tu lui dirais?
Jade : Je pourrais dire à Christine qu’en effet comme tu l’as indiqué juste avant, je pense qu’on n’est jamais sûre d’être prête à partir, on a toujours des doutes, on ne peut jamais les éliminer complètement, il faut juste en effet se dire que ces doutes là sont moindres par rapport à tout ce qu’on va vivre par la suite et que c’est jamais un aller sans retour, en effet tu peux toujours revenir et il y a toujours moyen de partir ailleurs ou de faire autre chose ou comme tu dis on est tellement chanceux d’être dans des conditions qui nous permettent déjà de voyager, qui nous permettent vraiment parfois de se réorienter aussi professionnellement et de ne pas avoir peur de ça et d’être accompagné aussi. Tellement d’organismes, tellement de gens qui en parlent, c’est bien de se laisser inspirer. Franchement c’est génial aussi de lire et de voir ce qu’on fait d’autres gens mais il faut aussi se poser les questions à soi-même, en effet comme tu dis, c’est ton expatriation, tu le vis aussi avec toi-même. Savoir si, comme tu le mentionnais aussi, est-ce que c’est une fuite, est-ce que c’est une nouvelle étape, est-ce que c’est quelque chose que tu veux construire, complètement reconstruire, donc il faut se poser plein de belles questions, de bonnes questions, ne pas avoir peur de répondre à côté ou même se tromper, c’est quelque chose qui est totalement accepté.
Kelly : C’est clair. Et se foutre du regard des gens aussi parce que je pense que des fois c’est pour ça aussi qu’on a peur de faire parce qu’on se dit si je rate mon truc, qu’est-ce que les gens vont penser de moi, en fait on s’en fout de ce qu’ils pensent les gens.
Jade : Complètement, on s’en fout. Tu le vis pour toi, tu le vis pour toi et c’est quelque chose de tellement beau aussi parce que de sortir de sa zone de confort, de sortir de ce que tu as pu connaître avant, c’est là que tu apprends à te connaître complètement.
Tu apprends à te connaître, tu apprends à appréhender aussi tes désirs, tes volontés, tes rêves. Tu dois vraiment accepter tout ça parce que si tu restes dans une forme de continuité, de routine, je ne dis pas que la routine c’est mauvais, mais ça peut créer à un moment donné peut-être une forme de frustration et des questionnements que tu pourras avoir par la suite. Pourquoi je ne l’ai pas fait à ce moment-là? Est-ce que maintenant c’est trop tard? Est-ce que je peux me permettre de le faire parce que j’ai évolué dans tel ou tel travail? Je pense qu’il n’y a pas de bon mauvais moment pour partir. Comme on l’a dit tout à l’heure, c’est quelque chose que tu dois processer avec toi-même et que voilà, si ce n’était pas le bon moment, ce n’est pas grave.
Kelly : Exactement. Essaye de comprendre vraiment ce que tu recherches. Est-ce que c’est de la nouveauté? Est-ce que c’est un changement de décor? Un changement d’attitude? Parce qu’en venant ici, tu savais que tu allais chercher de la positive attitude. Peut-être la neige aussi.
Jade : Carrément.
Je pense que c’est important de se poser les questions de qu’est-ce qu’on recherche, qu’est-ce qu’on veut comme changement dans ce quotidien. Ça, ça prend du temps. Ça ne se répond pas comme ça du jour au lendemain comme question. Qu’est-ce qu’on recherche de nouveau? Et ensuite, une fois qu’on sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas, surtout très important, ce qu’on ne veut pas, quel pays peut répondre à ces besoins-là? Parce que ça, c’est pareil. Je ne vais pas promouvoir le Canada ni Montréal, mais c’est vraiment de réfléchir parce qu’être loin aussi, on a un décalage horaire qui est quand même de 6 heures avec la France. Ce n’est pas négligeable.
Donc ça, ça peut être plus difficile pour certaines personnes. Mais des fois aussi, ça se passe moins loin. Toi, tu es partie de la Normandie au sud de la France.
Oui, ce sont des petites étapes. Tu n’as pas besoin de partir forcément à l’étranger aussi, en effet.
Kelly : Exactement.
Jade : Moi, j’ai toujours eu envie de partir. Pas que je n’aime pas la Normandie. Au contraire, c’est une région magnifique. Mais je sentais ce besoin de bouger, de voyager, de voir d’autres choses. Et je sais que ce n’est absolument pas fini. Je sais que j’ai encore plein d’autres choses à voir, que mon PVT dure 2 ans. Je ne sais pas si je vais rester, si je vais partir, si je vais partir avant. Mon travail déjà fait que je n’ai pas de contraintes à un endroit précis. Une chose qui m’angoisse le plus, c’est le CDI. C’est quelque chose que je n’ai jamais voulu accepter, qu’on m’en a proposé plusieurs fois dans différentes villes. On m’a toujours dit « c’est super, à ton âge, on te propose un CDI, là, dans cet endroit-là, mais vas-y, accepte-le ».
Et j’y réfléchissais quand même. Je me disais qu’on me fait une proposition, c’est important, ça va me donner un statut, ça va me donner une sécurité. Et j’étais là genre « angoisse, angoisse ultime ». J’ai l’impression d’être pieds et points liés. Je sais que ça ne me correspond pas. Moi, ce type de contrat, ça ne me correspond pas parce que je veux pouvoir aller travailler dans un festival, puis ensuite aller travailler sur un tournage, puis ensuite voilà. Donc, c’est cette liberté, cette autonomie-là et cette indépendance qui me permet aussi peut-être de facilement accepter de devoir partir et d’avoir à voyager, de parfois laisser des gens de côté, des choses de côté. Malheureusement, c’est dur aussi. Vous savez, quand tu construis 3 ans dans une ville, puis ensuite tu vas 2 ans dans une autre, tu te lis des amitiés, tu as vécu des choses fortes, mais t’es obligé de les abandonner. Mais ce n’est pas vraiment un abandon, c’est ce que je leur dis à chaque fois, c’est que je reviendrai et qu’on a les réseaux pour se parler, qu’on a plein de choses, plein de médias qui nous permettent de garder contact. Et ça, c’est tellement…
Kelly : Je te ferai écouter ça quand je pars de Montréal, ce que tu viens de dire.
Jade : Non mais toi, c’est pas pareil.
Kelly : C’est pas grave, je te ferai écouter quand je pars de Montréal. Le jour où je te fais l’annonce, tiens, écoute ce que tu m’as dit la dernière fois.
Jade : Ça va se retourner contre moi, c’est super.
Kelly : C’est clair. Non, mais c’est vraiment super intéressant. Je trouve que c’est vraiment remarquable quand même parce que tu as compris ça quand tu étais super jeune. Parce que moi, tu vois, à l’âge où tu as compris que toi, le CDI, c’était vraiment une prison d’orée, j’ai compris ça, j’avais 32 ans, un truc comme ça. Je me suis dit « mais c’est quoi ce truc, en fait, qu’on me dit que c’était bien? C’est horrible ». Mais toi, tu l’as compris vachement jeune et du coup, je trouve ça vraiment super remarquable.
Enfin, votre génération. Enfin, je dis votre génération, on n’est pas non plus, on n’a pas 20 ans d’écart, mais je trouve que c’est vachement cool que vous compreniez ça super jeune. Et après, encore une fois, on s’en fout de l’âge. L’âge, c’est qu’un chiffre. Parce que ça aussi, des fois, je l’entends, tu vois, « ouais, mais je suis trop âgé ». C’est sûr que le PVT, il faut avoir moins de 35 ans. Mais il y a d’autres moyens de partir. Il y a l’Europe qui est très grande, qui a plein de pays à offrir, plein de cultures.
Est-ce que tu as autre chose que tu aimerais ajouter?
Jade : J’aimerais te remercier de m’avoir invité. Et après, on va aller manger des tacos.
Kelly : Oui, tacos. Et d’ailleurs, on a bu de l’eau. D’habitude, quand je suis en face-à-face, je ne bois pas de l’eau avec mon invité, c’est interdit. C’est apéro.
Jade : Ah ouais?
Kelly : Là, on essaie d’être un peu sereine. C’est mercredi. Le mercredi, tout n’est pas permis.
Donc, il y a toujours deux questions que je pose à mes invités. Donc, la première, c’est si Jade d’aujourd’hui pouvait adresser un message à Jade. Tu vois, le jour où tu t’es séparée de ton copain.
Jade : Je pense que je lui dirais que tu as le droit de penser pour toi et par toi-même et que tu as le droit d’être aimée aussi. Que peu importe les difficultés que tu auras, tout ce que tu as à vivre sera toujours positif si de par toi-même, tu prends les choses positivement. Et ça, je l’ai compris en fait. Et j’ai l’impression que plus je pense positivement, plus des choses positives m’arrivent. Et j’ai une amie qui croit vraiment aux énergies positives et au fait que tout ce que tu vas renvoyer va aussi peut-être renvoyer une forme de schéma cyclique ou de karma ou je ne sais pas comment tu peux appeler ça. Mais vraiment, j’ai l’impression que quand tu dégages et que tu diffuses quelque chose, tu attires forcément des gens qui dégagent et qui diffusent quelque chose d’aussi positif que toi. Et je m’en rends compte à Montréal parce que du coup, je suis dans cette énergie-là et je rencontre des gens super. Et du coup, il y a une émulsion de positivité qui m’arrive. Et donc voilà, quand vraiment tu es down et qu’il y a des choses un peu douloureuses qui t’arrivent, essaie justement toi toute seuel de remonter la pente et tu vas voir que d’autres gens vont s’alimenter et s’agripper à ta positivité et que du coup, ça ne pourrait aller que mieux.
Kelly : Je suis tellement d’accord avec ce que tu viens de dire et avec ce que ta copine a dit.
Moi aussi, je suis totalement alignée là-dessus en mode, si tu veux qu’il y ait du positif qui t’arrive, il faut que tu sois déjà positive. Donc, ce n’est pas facile à faire de passer d’un état un peu dépressif à un état positif. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Et donc, pour conclure cet épisode, Jade, est-ce que tu voudrais partager avec nous ta citation ou chanson préférée?
Jade : Je vais te partager une citation qui est d’un auteur brésilien qui s’appelle Paulo Coelho, qui est un romancier. Je trouvais qu’il s’adapte vraiment bien à tout ce qu’on venait d’échanger.
En fait, il dit « Qui a l’habitude de voyager sait qu’il arrive toujours un moment où il faut partir.» Pour moi, ça sous-entend le fait que tu as toujours un moment où tu dois quitter quelque chose pour redécouvrir quelque chose de nouveau. Mais partir, je pense que ce n’est pas dans le sens forcément partir physiquement, tu vois. Ça peut être aussi un état d’esprit, ça peut être aussi une manière de voir les choses. Ce n’est pas juste physique. Et je pense que la vie est faite que de perpétuels renouvellements et de remises en question, et que c’est ça qui te permet de voyager en fait. C’est aussi de, toi-même, être sur une base de réflexion et de questionnement et d’ouverture d’esprit. Et c’est ça qui est une forme de départ, parce que tu lâches quelque chose pour te réapproprier une nouvelle chose.
Oui, voilà, j’ai testé ce que je voulais tester, j’ai expérimenté, j’ai appris.
Maintenant, il est temps que j’apprenne autre chose, d’expérimenter.
Kelly : Tout à fait. Ah trop bien, j’adore. Ça va parfaitement avec le sujet, tu as trop raison. Eh bien, merci beaucoup. Et puis pour toutes celles et ceux qui nous ont lu jusqu’au bout, n’oubliez pas qu’en 2023, on peut noter un podcast si on l’a aimé sur Spotify et Apple Podcasts en mettant des étoiles.
Donc, n’hésitez pas à faire ça pour remercier Jade d’avoir partagé son expérience. Et puis, c’est parti pour l’apéro et les tacos. Adios!
Transcrit volontairement et avec amour par Kelly.